Joseph au Cambodge

Les merveilleuses aventures de votre serviteur au pays des Khmers

15 November 2006

L'immeuble Yacoubian

J'ai lu l'immeuble Yacoubian avec beaucoup de plaisir

La description de la corruption et des inégalités me parle beaucoup, car la situation au Cambodge me paraît très comparable. Sur cette plaie (la 11ème plaie d'Égypte ?) néanmoins, je n'oublierai jamais le petit chef d'oeuvre de Yussuf Al Qa'id "War in the Land of Egypt" que je recommande vivement à tous... L'héritage colonial de l'élite est également un sujet qui prend un sens ici.

La quatrième page de couverture compare Alaa El Aswany à Naguib Mahfouz, et c'est vrai que c'est une fresque de société, que cela se passe au Caire, etc. mais Mahfouz, dans ce que j'ai lu de lui, avait quand même une écriture plus "majestueuse". Par ailleurs il donnait à ses récits une dimension dramatique avec la notion de destin, que l'on ne retrouve pas ici.

Cela dit c'est bien de se retrouver dans un contexte plus contemporain où ce qui est dit de l'Égypte ne peut être balayé d'un revers de la main comme appartenant au passé : au contraire c'est l'annonce des problèmes qui vont s'amplifier à l'avenir en Égypte.

L'utilisation continuelle des références respectueuses à Dieu et à son prophète dans la bouche des protagonistes continue à me marquer dans ce nouvel exemple de littérature arabe. Elles m'ont semblé très bien utilisées pour montrer ici l'hypocrisie, là la ferveur non feinte ou encore le désespoir, l'enthousiasme, etc. Le fait que des expressions religieuses puissent entrer dans le vocabulaire et être employées sans faire attention à leur sens propre, mais plutôt comme ponctuations dans le discours, bien que "im yirtseh hashem" et "bli neder" soient utilisées ainsi en hébreu, m'a toujours frappé. Pendant dix ans, j'ai cru que "bli neder" voulait dire "promis" parce que je l'entendais dire en Israël chaque fois que quelqu'un faisait une promesse ! [En fait cela veut dire "sans jurer" : "Je te rembourserai demain, bli neder" signifie littéralement que la promesse de remboursement au lendemain ne doit pas être interprétée comme un voeu dont la personne ne pourrait jamais se libérer sans un jugement rabinique...]

Je vous recommande le livre.

14 November 2006

CO2 solidaire

Chers amis,

Les voyages en avion sont une énorme source de pollution au CO2, comme vous le savez certainement.

Mon aller-retour à Paris en septembre, au delà des 845 dollars qu'il a coûté à l'achat, a un coût environnemental que je voulais payer depuis longtemps. Après avoir cherché à compenser ma production de CO2 sur le Chicago Climate Exchange et sur le European Climate Exchange sans succès, je viens de découvrir que l'on peut calculer et (essayer de) compenser sa production de CO2 sur le site CO2 solidaire.

Verdict : avec ses 19900 km, j'ai produit 4,80 tonnes de CO2 et mon aller-retour a un impact environnement évalué à 116 euros !

L'addition est salée (donc on passera sous silence l'énorme détour que j'ai fait par Taiwan et la Sibérie à l'aller et son équivalent au retour qui m'a vu quasiment survoler Phnom Penh avant d'aller à Taipei et d'en revenir).

Eh bien, pour joindre les faits aux paroles je suis fier de vous informer que je l'ai payée !


Je pense que la première étape est d'être conscient, avant de l'entreprendre, que le coût du voyage en avion n'est pas le seul prix du billet, en l'occurrence 845 dollars mais aussi un coût environnemental que personne, ou presque, ne paie : on passe en l'occurrence à 1000 dollars et c'est un scandale que les 150 dollars de plus ne soient pas obligatoires, car c'est la planète qui trinque...

Bonne continuation,

Joseph

09 November 2006

Norodom Sihanouk's website

I plan to write a review about "L'immeuble Yacoubian" by Alaa El Aswany which I read while sunbathing in Sihanoukville. The novel is indeed very good. But I don't know yet what to write...

Before I get to that - God willing, as Alaa El Aswany or any faithful monotheist would write - let me invite you to visit the web site of His Majesty Norodom Sihanouk.

You will find that the King-Father uses the web as a communication tool just like anyone... Only the stakes are higher, because the question is about setting the record straight...

I'll let you judge the contents and the person but I would like to recommend reading some of the letters Sihanouk receives, this one is a model if you ever need to write compliments to a king in a good French (the second part though is interesting with regard to our project), this one is also worth a glimpse.

And don't miss the menu of Wednesday, October 18th's lunch, I would have flown to Beijing had I been invited ;-)

Love life and live for love.

Joseph

08 November 2006

Water Festival

Dear All,

This week-end was the Water Festival. I hope to put pictures a friend took on Saturday online soon but for the moment, I'll just describe the festival.

The festival lasts three days. In khmer, the name is Bon Om Touk, which means the Festival of
Boat Rowing. Each province organizes in advance rowboat races between teams of the villages and the winning teams represent the province at the finals in Phnom Penh during the Festival. There are about 400 teams competing during the finals. Each team is either 20, 50 or 80 rowers, depending on the class the compete in (and the size of the boat varies accordingly of course). From 6 am till 6 pm, it's race after race. Cambodians from abroad also have their boat(s). I saw a small boat of women racing.

When a village is selected to take part in the finals they come to Phnom Penh in a larger boat which accomodates all the team and some supporters and a few 50 kg bags of rice. The race boat is attached to the larger one for the trip.

On the race boat, the rowers can be seated or standing, they are two side by side on each row with a leader in front. They all wear a tee-shirt and a baseball cap with the name of their sponsor (a mobile phone company, a newspaper, etc.) Around the middle of the boat there is room for a third person on each row, who can be there to cheer his friends!

In the evening (I didn't see that part), there are fireworks and display of illuminated boats representing the large companies and the various administrations (the Senate, the Assembly, etc.)

In Cambodia, holidays which fall on Sundays are celebrated on the day and then the next workday is called off so the Festival was Saturday, Sunday and Monday, but yesterday was off also.

That's all folks!

This Thursday is another holiday: Independance Day!

All the best,

Joseph

07 November 2006

Le Vengeur (Imré Kovacs)

This is a review of the book The Avenger by Imré Kovacs.

Dans son récit autobiographique, écrit en 1981 mais trouvé seulement après sa mort en 2003, Imré Kovacs raconte un destin absolument incroyable. Né en Hongrie dans une famille juive non pratiquante, obligé de se débrouiller comme un adulte dès l'âge de 10 ans à la mort de son père, encore adolescent au début de la guerre, Kovacs va survivre à la Shoah, s'engager sous un faux nom dans les Waffen SS pour le compte d'une organisation sioniste, être arrêté par les Russes et déporté dans un camp de travail puis s'enfuir clandestinement en Palestine. Après avoir servi dans le Groupe Stern et avoir survécu à la guerre Israélo-Arabe de 1948 (il rappelle de façon frappante que beaucoup d'immigrants d'Europe de l'Est avaient débarqué par bateau de nuit, avaient reçu un fusil et étaient morts "avant d'avoir vu le soleil se lever sur Israël") il refuse de rester dans l'armée israélienne. Beaucoup après ces événements auraient cherché le répit. Kovacs, lui, est allé à Marseille s'engager dans la Légion Étrangère, ce qui l'amènera à se battre en Indochine (jusqu'à Ðiện Biên Phủ) et en Algérie pendant encore 5 ans. Ce n'est qu'après être rentré d'Algérie qu'il se marie et devient serveur pendant 30 ans à la brasserie Lipp à Paris !

Deux choses m'ont frappées à la lecture de ce texte, au delà du destin incroyable de cet homme qui a survécu à la fois aux raffles et aux arrestations, aux camps soviétiques (peut-être le plus horrible de tout son récit) et à d'innombrables opérations militaires.

Le sous-titre du livre est À la poursuite des criminels nazis. Kovacs avait été chargé par les Russes de leur faire des rapports sur les autres prisonniers s'il réussissait à entendre des aveux de leur passé nazi. Dans la légion étrangère, Kovacs s'est engagé pour pourchasser les nazis : il devait rapprocher les légionnaires d'une liste qui lui avait été remise par une organisation dont le but était de traquer les nazis cachés. Dans son camp de travail en URSS, tous les prisonniers sont morts sauf une poignée (120 sur 3000 si je me souviens bien). En Indochine, les légionnaires sont morts en nombres incroyables pendant la période où Kovacs y a servi. En URSS, Kovacs déclare lui-même qu'il passait son temps à écrire des rapports sur des hommes qui étaient déjà morts de froid, de malnutrition et de maladies, dans la Légion Étrangère, Kovacs rayait de la liste des hommes morts au combat. La justice que Kovacs cherchait me frappe comme étant totalement absente car tous mourraient, anciens nazis ou pas.

Après sa libération des camps russes, Kovacs s'est engagé volontairement dans trois guerres au prix de risques énormes. J'ai été très surpris de le voir qualifier la guerre d'indépendance d'Israël d'"inutile et absurde" (je dois vérifier la citation pour le deuxième épithète). Si la guerre d'Indochine (qu'il balaie d'une phrase comme ingagnable et déplacée) et celle d'Algérie (qu'il quittera dégoûté par la torture et les crimes des soldats) n'étaient pas les siennes, je reste perplexe quant à son désabusement après une guerre qu'il a voulu combattre et qui, m'avait-on appris, avait été gagnée.

J'espère ne pas vous en avoir trop dévoilé et que vous aurez envie de lire ce livre. Vous avez compris que je ne l'ai malheureusement pas sous les yeux pour vérifier toutes les citations. Néanmoins j'ai voulu vous faire part de cette lecture dès mainteant car il me brûlait de la partager avec vous...

Références :

Article de la Wikipédia sur Imré Kovacs
Le Vengeur, sur Amazon.fr

01 November 2006

Water Festival

Dear All,

Excuse-me for not writing in a long time. I've had a lot of work, and it's going to get worse with time now, as we approach the date of the inauguration of the Center: December 4th.

We have finally ordered all the computer equipment for the "consultation" room, i.e. the terminals which will allow the public to do their own querying into the database; the furniture will be made very soon.

I've had a bad start of the week: the main production server refused to boot on Monday morning. We switched to the backup but in the night, a script erased the database with a backup from Friday night. So we thought all the work of Monday had been lost. Fortunately we made a copy of the database for an other purpose late in the afternoon Monday and we recovered from that copy.

The French Cultural Center will screen the Foreign Ministry's selection of documentaries on Globalization. "Probably a lot against America but not a word on French multinational companies", my father would say.

The King of Cambodia will apparently visit France this month, 100 years after his grandfather King Sisowath and 40 years after De Gaulle visited Cambodia in 1966.

Tonight in the Center, the archivists each introduced and showed us a video from the database. We got a glimpse of life in 1962 during the "golden years" of Cambodia known as Sangkum Reastr Niyum, an interview of Sihanouk on neutrality and Laos, the horrors of civil war in 1974, something just before the Vietnamese army withdrew in 1989 and a document on attacks by the Khmer Rouge against Battambang as late as 1990 (the year before the Peace Agreements).
It was fascinating.

I have moved to street 21, a small street which looks very rural in that section, I like it. It's not final though, I still need to find my own place.

And last but not least, the Water Festival is approaching! It will be, from what I hear, crazy in Phnom Penh: a million visitors from all over the country, added to the 1.2 million inhabitants, boat races on the Tonle Sap and the Mekong, fireworks, and more! The Festival lasts from Saturday til Monday but Tuesday and Thursday are also off so it will be hard to get something done at work, I'd better get away for a few days like everybody. Where to? Kampot? Mondulkiri? Ho Chi Minh City?

Cheers,

Joseph