Le Vengeur (Imré Kovacs)
This is a review of the book The Avenger by Imré Kovacs.
Dans son récit autobiographique, écrit en 1981 mais trouvé seulement après sa mort en 2003, Imré Kovacs raconte un destin absolument incroyable. Né en Hongrie dans une famille juive non pratiquante, obligé de se débrouiller comme un adulte dès l'âge de 10 ans à la mort de son père, encore adolescent au début de la guerre, Kovacs va survivre à la Shoah, s'engager sous un faux nom dans les Waffen SS pour le compte d'une organisation sioniste, être arrêté par les Russes et déporté dans un camp de travail puis s'enfuir clandestinement en Palestine. Après avoir servi dans le Groupe Stern et avoir survécu à la guerre Israélo-Arabe de 1948 (il rappelle de façon frappante que beaucoup d'immigrants d'Europe de l'Est avaient débarqué par bateau de nuit, avaient reçu un fusil et étaient morts "avant d'avoir vu le soleil se lever sur Israël") il refuse de rester dans l'armée israélienne. Beaucoup après ces événements auraient cherché le répit. Kovacs, lui, est allé à Marseille s'engager dans la Légion Étrangère, ce qui l'amènera à se battre en Indochine (jusqu'à Ðiện Biên Phủ) et en Algérie pendant encore 5 ans. Ce n'est qu'après être rentré d'Algérie qu'il se marie et devient serveur pendant 30 ans à la brasserie Lipp à Paris !
Deux choses m'ont frappées à la lecture de ce texte, au delà du destin incroyable de cet homme qui a survécu à la fois aux raffles et aux arrestations, aux camps soviétiques (peut-être le plus horrible de tout son récit) et à d'innombrables opérations militaires.
Le sous-titre du livre est À la poursuite des criminels nazis. Kovacs avait été chargé par les Russes de leur faire des rapports sur les autres prisonniers s'il réussissait à entendre des aveux de leur passé nazi. Dans la légion étrangère, Kovacs s'est engagé pour pourchasser les nazis : il devait rapprocher les légionnaires d'une liste qui lui avait été remise par une organisation dont le but était de traquer les nazis cachés. Dans son camp de travail en URSS, tous les prisonniers sont morts sauf une poignée (120 sur 3000 si je me souviens bien). En Indochine, les légionnaires sont morts en nombres incroyables pendant la période où Kovacs y a servi. En URSS, Kovacs déclare lui-même qu'il passait son temps à écrire des rapports sur des hommes qui étaient déjà morts de froid, de malnutrition et de maladies, dans la Légion Étrangère, Kovacs rayait de la liste des hommes morts au combat. La justice que Kovacs cherchait me frappe comme étant totalement absente car tous mourraient, anciens nazis ou pas.
Après sa libération des camps russes, Kovacs s'est engagé volontairement dans trois guerres au prix de risques énormes. J'ai été très surpris de le voir qualifier la guerre d'indépendance d'Israël d'"inutile et absurde" (je dois vérifier la citation pour le deuxième épithète). Si la guerre d'Indochine (qu'il balaie d'une phrase comme ingagnable et déplacée) et celle d'Algérie (qu'il quittera dégoûté par la torture et les crimes des soldats) n'étaient pas les siennes, je reste perplexe quant à son désabusement après une guerre qu'il a voulu combattre et qui, m'avait-on appris, avait été gagnée.
J'espère ne pas vous en avoir trop dévoilé et que vous aurez envie de lire ce livre. Vous avez compris que je ne l'ai malheureusement pas sous les yeux pour vérifier toutes les citations. Néanmoins j'ai voulu vous faire part de cette lecture dès mainteant car il me brûlait de la partager avec vous...
Références :
Article de la Wikipédia sur Imré Kovacs
Le Vengeur, sur Amazon.fr
2 Comments:
Ton témoignage est précis et montre ton intérêt évedent pour le livre. J'ai trés bien connu Imré...
A bientôt,
X
Merci pour votre commentaire. "À bientôt" signifie-t-il que nous nous connaissons ? Je serais ravi de connaître plus de détails sur Imré Kovacs et son histoire incroyable...
Joseph
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