Joseph au Cambodge

Les merveilleuses aventures de votre serviteur au pays des Khmers

14 August 2006

Dimanche soir au théâtre Chenla, "Phum Dey Rachan"

Qu'est-ce que l'affaire Bardez ?

1925, 16-18 avril : alors que les impôts versés par les paysans cambodgiens sont les plus élevés de tous les impôts perçus dans l'empire colonial français, la décision de les augmenter provoque une révolte qui prend les allures d'une protestation massive contre les abus de l'administration coloniale. Le résident pour la province de Kompong Chhnang, Bardez est tué à Krang Leou [Kraing Leav]. La répression est brutale. Plus de trois cents personnes hommes, femmes et enfants sont emprisonnés, le village est rasé. Un procès est instruit qui se conclut par une condamnation à mort et 5 emprisonnements à vie. Entre avril et décembre, l'écrivain français André Malraux, dans son journal saigonnais l'Indochine enchaînée suit l'affaire Bardez, dénonce la version officielle qui veut ramener la révolte à du banditisme, souligne les irrégularités de la procédure et les manipulations de la Justice.

Texte extrait du livre de Raoul JENNAR, "Clés du Cambodge" traduit par TEP Navuth, Syfed-Refer de Phnom Penh, posté sur http://vorasith.online.fr/cambodge/hist/hk1925.htm.

Qu'est-ce que le Lakhaon Yiké ?

Yike is a popular and ancient form of Cambodian musical theater which is believed to have originated from sea faring people. With regards to the poetic expression in the songs, it can be assumed that lakhaon yike appeared in the late 8th century during the reign of King Jayavarman II. In its earlier form, lakhaon yike was often presented as a post-performance event in the Royal Palace following classical dance performances. It soon became so popular that it was performed on its own. Over the years, the form changed, incorporating various costumes and musical instruments and adapting to new Khmer customs. Immensely popular in the 1920s, it is a form of musical in which popular stories and mythical subjects are both sung and spoken in dialogue, with the narrator (singer) directing the performance. Its repertoire includes both traditional and contemporary stories. The drama is accompanied by yike drums, that ranges from small groups (1-2 drums) to larger groups (2-13 drums), and also includes such instruments as the tro (string instrument) and sralay (oboe). Today, Yike is performed in Takeo, Pursat, Kompot, Kompong Chnang, Kompong Thom, and Kompong Cham provinces in a variety of different styles. It is most common and popular in Takeo Province. The drama Tum Teav has been the most popular story loved by the Cambodian public. First performed in 1967 at the Preah Soramarith Theater in Phnom Penh, this love story is now performed in provinces throughout the country. Lakhaon yike currently forms part of the drama curriculum at the Royal University of Fine Arts.

(Adapted slightly from a page of the Ministry of Culture and Fine Arts which was clearly badly OCR'ed from a printed text.)

Comment mélange-t-on les deux ?

On fait un Lakhaon Yiké sur l'affaire Bardez avec pour titre "Le village des sauvages", nom qu'un décret royal (autrement dit français) a imposé au village de Kraing Leav suite aux événements en question (décret aboli un an plus tard).

Pourquoi était-ce intéressant ?

Cet épisode de révolte nationaliste (ou en tout cas présenté comme tel) est extrêmement populaire. Les vietnamiens l'ont introduit dans les programmes scolaires en 1986 (d'après le Cambodia Daily du week-end dernier : il faut que je vous retrouve l'article) et il y est toujours. Tous les khmers connaissent l'histoire.

Intéressantes étaient les réactions du public qui a applaudi chaudement l'assassinat de Bardez et lorsqu'un villageois prisonnier a craché sur son gardien à la solde des français, le public a jubilé de nouveau. Mon voisin m'a regardé un peu de travers au moment de l'assassinat de Bardez alors j'ai applaudi vigoureusement aussi en me tenant bien droit dans mon siège...

Intéressant était le traitement du sujet qui n'épargnait pas les cambodgiens qui s'étaient mis au service des français : policiers, gardes, percepteurs et interprètes étaient décrits comme les tortionnaires de leurs compatriotes, vils et cupides.

Enfin, le second degré a fait une apparition bienvenue dans les intermèdes : pendant les changements de décors, deux comiques nous ont divertis en discutant de la perception des taxes sur les commerces célestes et en nous dévoilant un peu l'intrigue puis en se ravisant "eh, si vous voulez savoir l'histoire, achetez un billet pour la pièce !" (sans parler des autres blagues qui m'ont bien sûr échappé).

Pour la petite histoire, l'acteur qui jouait Bardez était un khmer très digne tout fier de déclamer dans son meilleur français "Non, les prisonniers restent tant que tout le monde n'aura pas payé l'impôt !" Il m'a bien plu !

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