Joseph au Cambodge

Les merveilleuses aventures de votre serviteur au pays des Khmers

31 August 2006

Décès de Naguib Mahfouz

Naguib Mahfouz m'a tenu compagnie à Phnom Penh comme je le racontais dans cet article sur Les fils de la Médina.

Il est décédé hier à l'âge de 94 ans, lisez cette dépêche de l'AFP.

Merci à Sacha qui m'a fait connaître ses oeuvres... Je vais continuer à les lire car c'est évidemment cela le rôle de la littérature, survivre à son auteur.

28 August 2006

Voiceless unaspirated glotal stop

Tonlé Bati et Phnom Tamao

Hier, bonne excursion au zoo de Phnom Tamao et au Tonlé Bati. Serpents, singes, lion, ours, crocodiles accueillent chaleureusement le visiteur qui s'aventure à 50 km de Phnom Penh au "sanctuaire animalier" de Phnom Tamao. Il faisait très chaud mais l'on est resté au soleil pour voir l'éléphante danser sur la musique de Madison... Au Tonlé Bati un peu comme l'autre fois sur l'île de la soie, on a loué une hutte posée dans le lac, et vu l'orage approcher. Contrairement à la dernière fois, l'orage nous a épargnés, il est resté sur l'autre rive. Nous avons néanmoins eu de la pluie sur la route du retour : quel bonheur d'avoir un peu froid, ce n'est pas tous les jours ici !

J'oubliais : nous avons passé quelques minutes dans le temple de Ta Prohm au Tonlé Bati. Bien sympathique, mais effectivement, quand on a vu Angkor Wat, on est blasé.

Si vous voulez un petit exemple des scandales quotidiens, lisez l'article du Cambodge Soir de vendredi sur la coupe de bois précieux destiné à la nouvelles Assemblée Nationale.

PS : Qu'est-ce qu'un "voiceless unaspirated glotal stop"? En français cela s'appelle un "coup de glotte" et c'est une des consonnes de la langue khmère que je ne saurai jamais prononcer. Pourtant, c'est la première consonne de la première syllabe du mot merci, donc en attendant je dis "Thank you!".

PPS : J'exagère, on vous comprend quand vous dites akun même sans le fameux coup de glotte.

24 August 2006

Le khmer sous Mac, il faut se lever de bonne heure

0. Introduction

http://prdownloads.sourceforge.net/khmer/DisplayingKhmerScript.pdf?download

1. "Layout" de clavier khmer unicode pour Mac

http://www.khmeros.info/drupal/?q=en/node/675

http://www.khmeros.info/drupal/?q=en/node/490

Lien sur la création de layouts : http://wordherd.com/keyboards/

2. Polices TrueType et OpenType : elles ne fonctionnent pas complètement sous Mac

Pour les polices TrueType c’est normal : elles ne contiennent pas l’information nécessaire pour un rendu correct.

Pour les polices OpenType j’ai un doute : elles sont censées contenir une partie de l’information pour un rendu correct, l’autre partie étant dans le moteur Uniscribe de Windows, donc si elles ne s’affichent pas correctement sous Mac il y a trois possibilités :

1)Toute l’information de rendu est dans la police OpenType mais le Mac ne sais pas la traiter.

2)L’information de rendu peut être mise dans la police OpenType mais en l’occurrence ne l’a pas été.

3)L’information de rendu nécessaire pour le khmer est du type qui ne peut pas être mis dans la police OpenType mais qui est programmée dans le moteur Uniscribe donc elle n’est pas disponible sous Mac.

Étant donné que les polices khmères TrueType et OpenType que j’ai fonctionnent de façon identique sous Windows, et que les symptômes d’affichage incorrect sous Mac sont identiques à ceux que l’on a sous Windows avec un moteur Uniscribe obsolète (non programmé pour le khmer), tout porte à croire que l’on est dans le 3ème cas.

3. Polices ATT (Apple Advance Typography) : elles fonctionnent pour les applications Mac qui utilisent pleinement le moteur de rendu de Mac OS X (dénommé ATSUI), ce qui est le cas de Safari mais probablement pas de Firefox.

Bug 121540 - Use ATSUI for text rendering on Mac OS X

Bug 157967 - Make Gecko interoperate better with advanced typography systems such as ATSUI, Uniscribe, Pango & STSF

En attente de XenoTypeTech pour les tests.

Lien sur la transformation de polices OpenType en ATT : http://www.nbcs.rutgers.edu/~hedrick/typography/aat.htm

Lien vers un logiciel libre qui prétend générer des polices ATT :

http://fontforge.sourceforge.net/

4. Autre solution : le khmer fonctionne sous Pango, la librairie de rendu de GTK, alors considérer le Mac comme un système Unix avec X11 + GTK + Pango ?

Je pense que c’est ce que fait OpenOffice pour Mac... Test sous peu.

Quant à compiler Firefox pour fonctionner avec GTK sous X11 ça ne doit pas être de la tarte ! (Sous Windows, Firefox emploie Uniscribe, mais sous Linux je ne sais pas ce qu'il emploie ni si ce sont des librairies disponibles pour Max OS X...)

Addendum : Outre OpenType + Uniscribe et ATT + ATSUI, il existe un challenger, Graphite :

FAQ : http://scripts.sil.org/cms/scripts/page.php?site_id=nrsi&item_id=GraphiteFAQ

Intégration dans Mozilla : http://sila.mozdev.org/

Intégration dans Pango : ?

Intégration dans OpenOffice : ?

PS : Je viens de recevoir le kit de XenoTypeTech, test dans le courant de la journée !

19 August 2006

Recherche station météo (thermomètre + hygromètre)

Pour surveiller la température et l'humidité de notre local technique, nous avons besoin d'une station météo digitale avec si possible alarme programmable en cas de dépassement de température ou de seuil d'humidité.

Si vous avez quelque chose comme cela chez vous que vous n'utilisez pas, et que vous voulez faire économiser 60 € des deniers publics (un dix millième de centime d'euro par habitant quand même), merci de me le signaler !

Avis tout particulier aux médecins et aux abonnés de différentes revues : c'est un cadeau que l'on reçoit respectivement des compagnies pharmaceutiques et des éditeurs !

Merci d'avance.

Joseph

Heng Poeuv et la corruption du pouvoir

Ne manquez pas l'interview de L'Express qui fait grand bruit ici :

http://lexpress.fr/info/quotidien/actu.asp?id=5263

Les hommes politiques font assaut d'hypocrisie devant ce corrompu chez qui on a trouvé des centaines de milliers de dollars en faux billets et des armes mais qui dénonce encore plus corrompu que lui, sans se priver de nommer les noms.

17 August 2006

Rsync, mirrordir ... et un nouveau venu, unison

Cela rappellera des souvenirs à un de mes lecteurs assidus qui va être cité dans quelques instants, cela ennuiera mortellement la plupart des autres lecteurs...

Quel outil choisir pour faire des sauvegardes de documents depuis un ordinateur vers un autre ordinateur en réseau ?

J'utilisais auparavant le petit logiciel mirrordir qui me satisfaisait pleinement à deux petits bugs près, que j'ai signalés à l'auteur du logiciel, mais qui n'ont jamais été corrigés... et pour cause : cet outil n'est plus "maintenu" depuis deux ou trois ans au moins.

[Pour les novices, la maintenance d'un logiciel c'est comme celle d'un bâtiment : plus on l'utilise et plus on trouve de petites fissures, fuites et autres défauts de fabrication, et puis on essaie de répondre aux exigences nouvelles qui apparaissent : on refait une salle de bain, on modernise l'éclairage, etc.]

Pierrick, pour ne pas le nommer, avait mis en pratique une méthode de sauvegarde sur internet basée sur l'outil rsync, suivant le célèbre tutoriel de Mike Rubel (Easy Automated Snapshot-Style Backups with Linux and Rsync).

Nous avions confronté les approches (mirrordir et rsync) et cela avait donné lieu à un article mémorable de Pierrick sur son blog : Entre sauvegarde et gestion de version.

Depuis quelques semaines je cherchais une solution de sauvegarde pour le Centre Hanuman. Pour l'instant il s'agit d'assurer la sauvegarde des documents de travail (documents de bureautique : procédures, budgets, inventaires, etc.)

Bientôt il faudra également s'assurer de la sauvegarde de la base de données et des versions de l'application, mais ce sont d'autres questions.

Mon choix s'est porté provisoirement sur un outil qui s'appelle Unison. Je ne l'ai pas encore implémenté en production donc je peux encore changer d'avis mais ce petit outil me semble très bon.

La spécialité de cette outil est la synchronisation entre deux répertoires de fichiers. Si vous avez par exemple une clé USB et un ordinateur avec les mêmes documents, que vous travaillez parfois sur l'ordinateur et parfois à l'extérieur sur la clé USB, votre pire cauchemar est bien sûr d'écraser un jour la version plus récente par la version ancienne en vous trompant sur le sens de la copie à effectuer. Unison est là pour vous aider, il fonctionne en ligne de commande ou en mode graphique (non testé par votre serviteur) de façon interactive : il préconise la synchronisation de A vers B ou de B vers A suivant des critères précis, et si un fichier a été modifié des deux côtés, il signale un conflit à arbitrer par l'utilisateur.

Je compte bien utiliser Unison à titre personnel et à titre professionnel pour ces fonctionnalités de synchronisation.

Mais pour l'instant je vais juste l'employer comme outil de sauvegarde de A vers B en lui disant que A a toujours raison, qu'il faut écraser B avec les versions de A.

Vous me direz : pour cela il y a rsync, le roi des outils de "mirroring" et leur père à tous ! C'est vrai mais je cherche un outil qui garde les versions antérieures des fichiers avant de les écraser et l'ancêtre rsync ne propose que de garder une version ancienne et non plusieurs. On peut contourner cette limitation en lui indiquant un répertoire de sauvegarde différent à chaque fois qu'on le lance mais je souhaite le comportement que j'avais avec mirrordir : les sauvegardes sont dans le même répertoire que le fichier d'origine avec juste des extensions du type .bak.1 .bak.2 .bak.3 et ainsi de suite.

À tester donc, mais unison promet ce comportement, et son installation servira probablement à bien plus que cela.

Informaticiens de tous les pays (elle est trop facile) unison-nous !

15 August 2006

Si, si c'est moi !


Photo d'identité artisanale (Polaroid avec 4 objectifs) prise aux alentours du 25 juillet pour le visa viêt-namien !

14 August 2006

Dimanche soir au théâtre Chenla, "Phum Dey Rachan"

Qu'est-ce que l'affaire Bardez ?

1925, 16-18 avril : alors que les impôts versés par les paysans cambodgiens sont les plus élevés de tous les impôts perçus dans l'empire colonial français, la décision de les augmenter provoque une révolte qui prend les allures d'une protestation massive contre les abus de l'administration coloniale. Le résident pour la province de Kompong Chhnang, Bardez est tué à Krang Leou [Kraing Leav]. La répression est brutale. Plus de trois cents personnes hommes, femmes et enfants sont emprisonnés, le village est rasé. Un procès est instruit qui se conclut par une condamnation à mort et 5 emprisonnements à vie. Entre avril et décembre, l'écrivain français André Malraux, dans son journal saigonnais l'Indochine enchaînée suit l'affaire Bardez, dénonce la version officielle qui veut ramener la révolte à du banditisme, souligne les irrégularités de la procédure et les manipulations de la Justice.

Texte extrait du livre de Raoul JENNAR, "Clés du Cambodge" traduit par TEP Navuth, Syfed-Refer de Phnom Penh, posté sur http://vorasith.online.fr/cambodge/hist/hk1925.htm.

Qu'est-ce que le Lakhaon Yiké ?

Yike is a popular and ancient form of Cambodian musical theater which is believed to have originated from sea faring people. With regards to the poetic expression in the songs, it can be assumed that lakhaon yike appeared in the late 8th century during the reign of King Jayavarman II. In its earlier form, lakhaon yike was often presented as a post-performance event in the Royal Palace following classical dance performances. It soon became so popular that it was performed on its own. Over the years, the form changed, incorporating various costumes and musical instruments and adapting to new Khmer customs. Immensely popular in the 1920s, it is a form of musical in which popular stories and mythical subjects are both sung and spoken in dialogue, with the narrator (singer) directing the performance. Its repertoire includes both traditional and contemporary stories. The drama is accompanied by yike drums, that ranges from small groups (1-2 drums) to larger groups (2-13 drums), and also includes such instruments as the tro (string instrument) and sralay (oboe). Today, Yike is performed in Takeo, Pursat, Kompot, Kompong Chnang, Kompong Thom, and Kompong Cham provinces in a variety of different styles. It is most common and popular in Takeo Province. The drama Tum Teav has been the most popular story loved by the Cambodian public. First performed in 1967 at the Preah Soramarith Theater in Phnom Penh, this love story is now performed in provinces throughout the country. Lakhaon yike currently forms part of the drama curriculum at the Royal University of Fine Arts.

(Adapted slightly from a page of the Ministry of Culture and Fine Arts which was clearly badly OCR'ed from a printed text.)

Comment mélange-t-on les deux ?

On fait un Lakhaon Yiké sur l'affaire Bardez avec pour titre "Le village des sauvages", nom qu'un décret royal (autrement dit français) a imposé au village de Kraing Leav suite aux événements en question (décret aboli un an plus tard).

Pourquoi était-ce intéressant ?

Cet épisode de révolte nationaliste (ou en tout cas présenté comme tel) est extrêmement populaire. Les vietnamiens l'ont introduit dans les programmes scolaires en 1986 (d'après le Cambodia Daily du week-end dernier : il faut que je vous retrouve l'article) et il y est toujours. Tous les khmers connaissent l'histoire.

Intéressantes étaient les réactions du public qui a applaudi chaudement l'assassinat de Bardez et lorsqu'un villageois prisonnier a craché sur son gardien à la solde des français, le public a jubilé de nouveau. Mon voisin m'a regardé un peu de travers au moment de l'assassinat de Bardez alors j'ai applaudi vigoureusement aussi en me tenant bien droit dans mon siège...

Intéressant était le traitement du sujet qui n'épargnait pas les cambodgiens qui s'étaient mis au service des français : policiers, gardes, percepteurs et interprètes étaient décrits comme les tortionnaires de leurs compatriotes, vils et cupides.

Enfin, le second degré a fait une apparition bienvenue dans les intermèdes : pendant les changements de décors, deux comiques nous ont divertis en discutant de la perception des taxes sur les commerces célestes et en nous dévoilant un peu l'intrigue puis en se ravisant "eh, si vous voulez savoir l'histoire, achetez un billet pour la pièce !" (sans parler des autres blagues qui m'ont bien sûr échappé).

Pour la petite histoire, l'acteur qui jouait Bardez était un khmer très digne tout fier de déclamer dans son meilleur français "Non, les prisonniers restent tant que tout le monde n'aura pas payé l'impôt !" Il m'a bien plu !

11 August 2006

J-33 ou quelque chose comme ça

Salut à tous,

Alors le compte à rebours est un petit peu flottant, aujourd'hui il est calé sur la date du 13 septembre (départ de PNH direction Taipei le 13 dans l'après-midi puis Taipei - CDG le 14 arrivée à 7h25) mais cela reste à confirmer.

J'aurai une semaine pour me poser puis ce sera Rosh Hashana, Kippour et Souccoth.

J'ai accepté de continuer ma mission ici, ce qui signifie que je reviens après mes vacances en France pour trois mois de mi-octobre à mi-janvier ! Je pourrai terminer ce que j'ai commencé de mettre en place et être présent pour l'ouverture officielle du Centre à la mi-novembre. J'espère mèner à bien ma tâche et en tirer la satisfaction inhérente.

Avec le plaisir de vivre un peu plus longtemps au Cambodge en prime.

Mes plans pour la suite sont juste remis de quelques mois...

09 August 2006

J-35 (sic)

Vous allez dire que je ne sais pas compter, mais pour cause de météo le compte à rebours a été interrompu et mon retour a dû être repoussé...

Plus sérieusement le travail n'est pas fini et j'aurais dû m'y consacrer depuis la France pendant le mois qui vient donc j'ai préféré rentrer en France aux alentours du 14-15 Septembre.

Je vais manquer le mariage d'Audrey, ce qui me désole, sinon je vois tout le monde juste un peu plus tard !

Bon courage à tous,

Joe

08 August 2006

J-5 faire des photos de mon quotidien


Suivant le bon conseil de Jean, prendre des photos de mes collègues, de mes motodops, de mes propriétaires... De tout ce qui a fait mon quotidien pendant 7 mois.

Il semble que je n'aie jamais mis celle-ci en ligne : ma terrasse. Les couleurs ne sont pas bonnes, mais en tout cas cela donne une idée.

07 August 2006

J-6, j'irai revoir ma Normandie

Today is D-6 to my trip back to France.

Aujourd'hui est le jour J-6 avant mon retour en France.

Il faut que je fasse la liste des choses à faire avant mon départ.
Je doit faire la liste des choses à faire avant mon départ.

(Choissez la phrase que vous préférez. Généralement, quelle que soit la tournure, quand j'écris comme ça c'est que je ne vais pas le faire...)

Au travail je suis débordé comme toujours. J'étais à Battambang ce week-end, c'était très intéressant (la ville, agréable et relativement bien conservée, l'ancienne résidence du gouverneur, Wat Ek Phnom, Phnom Sampaeu, Phnom Banan.)

J'ai commandé des marionnettes du théâtre d'ombre, elles seront réalisées pour moi par Hoeun, l'un des protagonistes du film de Rithy Panh, Les artistes du Théâtre brûlé, au sein même dudit Théâtre.

Samedi soir, tout le monde est invité chez moi pour un petit apéritif sur la terrasse.

La Normandie n'est pas le pays qui m'a donné le jour mais, comme Rabbi Jacob, je chantonne Ma Normandie à l'idée de revoir la rue des Rosiers...

03 August 2006

Tish'a be'av

L'inconscient a frappé.

Depuis une semaine, je me disais que je devais vérifier la date exacte du jeûne du 9 av ("Tish'a be'av" en hébreu) que je situais a priori à dimanche prochain. Acte manqué, bien sûr, j'ai oublié de vérifier et le jour du jeûne est arrivé sans que je m'en aperçoive, c'était aujourd'hui.

Heureusement, mon inconscient, après avoir provoqué cet acte manqué, a attaqué sur l'autre front et a eu la bonne idée de me flanquer au lit avec un mal de ventre incroyable. Dans la nuit j'ai vomi mon repas d'hier soir et au matin j'étais trop faible pour aller travailler. C'est alors que je me suis rendu compte que l'on était le 9 av, j'ai pu lire les Lamentations de Jérémie comme il se devait, et mon jeûne diététique s'est transformé en jeûne religieux.

Film quelque peu de circonstance : j'ai regardé les 150 minutes de "La chute" (Der Untergang), ce récit des derniers jours d'Hitler. Film désagréable à souhait, intéressant et méritant d'être revu lorsque j'aurai un peu plus de force.

02 August 2006

Les loubavitchs ont débarqué à Phnom Penh

Les membres du mouvement hassidique Loubavitch, aussi appelé Chabad, sont connus pour servir de pilliers à des communautés juives affaiblies par le vieillissement ou l'émigration, ou à des communautés naissantes et ce dans le monde entier.

Certains disent beaucoup de mal de leur approche religieuse et de leur action, d'autres en disent beaucoup de bien.

N'entront pas dans le débat, disons simplement que pour l'instant ils ne sont pas présents à Phnom Penh. Ils envoient néanmoins chaque année depuis Bangkok de quoi faire le Seder de Pessah.

Maintenant ils ont envoyé des "émissaires" à Phnom Penh. Est-ce comme les explorateurs de Moïse en Israël, pour voir si la terre est bonne pour s'installer ?

Ils sont venus à deux (un rabbin qui n'est pas brillant mais qui parle l'anglais correctement, son élève qui parle et pense comme un enfant...) de New York pour apporter aux juifs de cette contrée éloignée les services d'un rabbin l'espace de quelques jours. Comme il n'y avait pas de mariage ni de décisions rabbiniques en instance dans la "communauté" juive de PP, la discussion a porté sur les mérites relatifs et respectifs du boudhisme, de la méditation et du judaïsme.

C'était assez désolant comme discussion : j'avais l'impression que les loubavitchs étaient des représentants de commerce en train de vendre quelques brins de judaïsme à des gens venus chercher tout autre chose ici. Vendre une parka en laine aux quelques juifs de Phnom Penh en leur expliquant que les motifs ressemblent beaucoup à ceux d'un pagne (on ne porte pas de pagne au Cambodge, mais vous voyez ce que je veux dire).

Ils sont partis n'en parlons plus - cela m'a permis de me rendre compte qu'il y avait 4 ou 5 israéliens qui habitent à Phnom Penh : deux travaillent pour les Yellow Pages, deux autres sont professeurs à titre bénévole dans une structure scolaire montée par les israéliens dans la mosquée de Boeung Kak pour les enfants défavorisés.

PS : J-10 pour retour en France, suis partagé entre snif ! et youpi !

Les aventures de Fréd et Joseph à Cu Chi

[C'est Fréd qui parle.]

C'était hier, il faisait beau, le sable chaud avait
presque notre odeur, et guillerets que nous étions,
Joseph, un ami chevelu débarquant de Phnom Penh, car
il était ici en vacances, tout à la joie de comparer
la conduite suicidaire des motos entre le Cambodge et
le Vietnam (il s'avère que les Vietnamiens meurent
plus sur la gauche de la route, à l'inverse des
Khmers... question de fidélité politique sûrement), et
moi, (guilleret que j'étais) de ma nouvelle maison, de
mon nouveau statut de Maître ès Tenancier de maison (à
noter que Mademoiselle STÉPHANIE est ma nouvelle
colocataire, designeuse et néanmoins fort sympathique,
et fort mécontente de son passage sous silence du
dernier mail, alors Stéphanie, un bien le bonjour
devant tous mes amis iss’ e-présents e-réunis), bref,
j'ai perdu mon début de phrase... ON ETAIT BIEN quoi.
On décide donc, après moultes hésitations (liées aux
caprices de ma moto qui finalement se révèlera une
parfaite cavalière) d'aller aux tunnels de Cu Chi, une
curiosité architecturale des abords de Saigon,
expression du génie souterrain des Viets, qui est un
peu, aux yeux de 80 millions d'enfants d'Uncle Ho ce
que le Mc Donalds est aux yeux des adipeux neveux
d'Uncle Ben's : une fierté nationale. Cu Chi, c'est un
peu le Zidane Viet, un endroit où il fait bon se
rappeler être Viet et avoir bouté les ricains (pour
nous c'est les Ritals, chacun son stéréotype), même
s'il a fallu pour ça balancer qq coups de boule.
Et question coups de boule, nos amis les Viets en
connaissent un rayon. Le guide est là pour nous le
rappeler, placide, et l’air de vous dire que
finalement, mieux vaut être touriste beauf bardé de 10
kilos de chapeaux coniques plutôt que GI dans la
jungle cochinchinoise avec son parachute qui tombe là
où il faut pas. Le voilà qui nous détaille par le menu
les pièges dans lesquels les soldats Ryan tombaient
tous consciencieusement les uns après les autres : qui
le piège qui détruit les jambes, qui celui qui frappe
à la tête voire aux parties élémentaires de votre
anatomie sans qui le petit Justin ne pourrait voir le
jour… Fear factor n’a rien inventé, les Viets sont les
précurseurs de la télé-trash-réalité !
Ensuite on passe aux tunnels proprement dit, une sorte
de souricière dans laquelle un Michael Moore même armé
de sa meilleure volonté ne passerait pas… En fait
d’arme, c’est bien la volonté qu’ils traquaient les «
vici » (les Viet Congs), et il fallait en avoir ! Il
serait plus facile pour un chameau de passer dans le
chas d’une épingle que pour un Amerloque (même sans
dévotion particulière pour la malbouffe) de rentrer
dans ces corridors !
On fait quelques mètres courbés comme Quasimodo à
ramper dans les couloirs, et il suffit d’un espace de
noir avec ton voisin de devant pour que la peur
ignoble de se perdre dans une grotte te saisisse… ahhh
que c’est fun la guerre avec un guide ! Au moins on
est sûr d’arborer des traces de terre partout sur ses
vêtements sans autre risque. Joseph fait le mariole et
les 100 mètres du souterrain, je m’arrête au bout de
30 mètres… pour m’entendre dire que les tunnels ont
été re-designés à la « tourist size » ! Ils sont fous
ces Viets, dirait Obelix (de dehors)…
Ensuite nous rentrons à Saigon, j’arbore un bronzage
très Floyd Landis avec mes avants-bras très rouges
(oui, j’avoue, j’avais dopé mon vélo… j’y ai mis un
moteur). Ici la guerre n’est plus qu’économique et
klaxonnique, les séquelles sont moins visibles…
Et puis ce soir, dimanche, en direct d’une mousson
bien ténue pour une fois, après un ping pong très
physique, me voilà qui rentre seul dans ma demeure…
Stéphanie est partie crapahuter, je trouve la route qui
mène à ma maison très Apocalypse Now, noyée sous les
flots, les fantômes de capes de pluie naviguant au gré
des bouchons. Dans ce monde où le dehors est si
souvent le quotidien, quand la pluie se fait si
prégnante, quand les trombes d’eau vous transforment
en Pho et que l’atmosphère glisse doucement dans un
calme relatif (les klaxons semblent happés par la
pluie), on s’aperçoit qu’il reste toujours un
extérieur et un intérieur, une sorte d’intimité chaude
et une figure de l’adversité, ce dehors menaçant,
envahissant et pourtant si plein de sensations. J’en
veux pour preuve la moto qui me rentre dedans sans
ménagement à l’entrée de ma ruelle ; cachée derrière
un énième 4x4, elle a bondi vers moi et s’est arrêtée
sur ma main (ma tong avait en plus rendu l’âme sur un
fabuleux top-spin de coup droit au ping pong, et je
roulais donc avec la plus grande précaution, craignant
le dérapage incontrôlé de mon pied fiché sur le
frein)… Je remballe ma main et les quelques
millilitres de sang (pas de quoi s’effrayer hein, la
famille !) et arrive chez moi, allume la lumière
désormais mailement mythique de l’allée, et rentre, le
cœur un peu envahi. J’aurais voulu prendre la place de
Joseph dans son bus pour Phnom Penh, et couler le
reste de la soirée ailleurs qu’ici...
Oh non, je ne vous fais pas le coup du coude’blues
expat’ qui survient on ne sait quand, au détour d’une
pensée, d’une envie subite (ça peut être une
projection dans un MK2 ou un tour chez Gibert, un
apéro ou traverser des villes de l’arrière-pays en
voiture en s’arrêtant manger un bon repas) mais… et
puis, quelques minutes s’en faut, et mes incollables
Tic et Tac arrivent pour un tarot once again, Julie
m’appelle ouiiii et des rayons re-surgissent, pour
quelques heures encore, avant les nouveaux
questionnements de demain, les nouvelles prises de
conscience qui donneront d’autres récits !
Voilà, je vous laisse respirer, portez vous bien tous,
sachez qu’en cochant votre adresse pour le mailing, je
pense tous à vous d’une manière singulière, pour telle
ou telle raison, et ça, c’est bon (comme dirait de
Saigon mon ex-coloc Philippe).
Des bises de Viet Cong, donc.
Fréd

[Merci Fréd, pour ce récit haut en couleur qui méritait bien de ne pas rester cantonnais, pardon cantonné, à l'Asie du Sud-Est. Contre le coup de blues, le coup de blog ?]